Interview Armand Heitz, Vigneron en Bourgogne – L’Agronomie et la viticulture durable

30 avril 2025

Dans le troisième épisode du podcast Entre Deux Vins, Armand Heitz, vigneron passionné en Bourgogne, partage sa vision de la viticulture durable, de l’agronomie et de l’avenir de la production de vins de qualité. Cet épisode nous plonge dans l’univers de l’agriculture de demain, où la préservation des sols et l’utilisation de cépages résistants sont au cœur des préoccupations.

L’Agronomie : Une solution au réchauffement climatique

L’un des sujets majeurs abordés par Armand Heitz est l’agronomie et ses enjeux pour l’avenir de la viticulture. Pour lui, l’agronomie est bien plus qu’une discipline scientifique : “C’est un enjeu mondial”. Selon lui, la biodiversité des sols est en danger, avec des sols de plus en plus appauvris et des sursols argileux qui, en cas de sécheresse, deviennent aussi durs que du béton. Dans ce contexte, il considère l’agronomie comme une solution potentielle pour contrer les effets du réchauffement climatique.

Armand insiste sur le fait que la viticulture doit s’adapter aux nouveaux défis écologiques et climatiques. Le travail des sols, la gestion de l’eau et la préservation de la biodiversité sont des priorités qui, à terme, pourraient avoir un impact significatif sur la lutte contre le changement climatique. Toutefois, il souligne que bien que de nombreuses études pointent vers l’agronomie comme une solution, cette approche reste encore floue et nécessite davantage d’actions concrètes.

L’Importance des cépages résistants et la viticulture durable

Armand Heitz se distingue également par son engagement pour une viticulture plus respectueuse de l’environnement, utilisant des cépages résistants aux maladies et nécessitant moins de traitements. “La viticulture la plus bio qu’il puisse y avoir, c’est l’utilisation de ces cépages”, explique-t-il. Pour lui, la recherche de cépages plus résistants est essentielle, car elle permet de réduire le recours aux traitements chimiques et de favoriser une viticulture plus autonome et durable.

L’utilisation de cépages résistants, selon Armand, pourrait transformer la viticulture en réduisant le nombre d’interventions nécessaires tout en garantissant des vins de qualité. Il souligne également que la viticulture durable ne doit pas être synonyme de travail supplémentaire pour les vignerons, mais plutôt d’une approche plus intelligente et plus respectueuse des cycles naturels.

Un parcours de vigneron passionné

Le parcours d’Armand Heitz est aussi une histoire de passion. “J’ai bien travaillé le palais”, confie-t-il, en évoquant sa formation en tant que dégustateur, qui lui a permis de mieux comprendre les subtilités du vin et d’affiner sa propre approche de la vinification. Mais, au-delà de la simple dégustation, il a dû décider du type de vin qu’il souhaitait produire pour le domaine. “Il fallait que je décide quel type de vin me plaisait pour définir un cap”, explique-t-il, soulignant que sa vision du vin a évolué au fil du temps.

L’agroalimentaire et la déconnexion entre producteur, chef et consommateur

L’un des points les plus intéressants de l’interview concerne la déconnexion grandissante entre les producteurs, les chefs et les consommateurs dans le secteur agroalimentaire. Armand constate que, si la Bourgogne est sollicitée à l’international et que ses vins sont présents sur les meilleures tables du monde, le lien avec la production de viande est souvent négligé. “Je trouve qu’on respecte plus du raisin qu’un animal”, souligne-t-il, déplorant la manière dont l’agroalimentaire a coupé les liens entre la source des produits et leur consommation finale.

Armand met en lumière un problème fondamental : l’absence de reconnaissance du travail des producteurs de viande, qui, selon lui, méritent un respect similaire à celui accordé aux vignerons. Ce débat soulève des questions sur la manière dont nous percevons la provenance de nos aliments et la responsabilité qui incombe à chaque maillon de la chaîne de production.

La dégustation : un vin subtil et gourmand

L’épisode se conclut par une dégustation d’un vin qui illustre parfaitement l’approche d’Armand Heitz : “C’est délicat et en même temps c’est gourmand”. Lors de cette dégustation, Armand décrit un vin dont le nez est à la fois fermentaire, gourmand, brioché et toasté. Il évoque une sensation de finesse, mais avec une complexité aromatique qui en fait une expérience intéressante et unique.

Le vin en question ne se caractérise pas par des arômes intenses comme ceux d’un sauvignon ou d’un chenin, mais par une discrétion qui invite à la découverte. Ce profil subtil est le résultat d’un travail minutieux dans les vignes et de la volonté d’Armand de produire des vins qui soient à la fois équilibrés, respectueux de la terre et d’une grande finesse.

Conclusion : une vision engagée et inspirante

Cet épisode avec Armand Heitz est une véritable invitation à repenser la viticulture dans une perspective plus durable et respectueuse de l’environnement. Son engagement pour l’agronomie, l’utilisation de cépages résistants et sa vision d’une viticulture plus respectueuse de la nature font de lui un vigneron à suivre. Avec son énergie et sa passion, Armand nous rappelle que chaque bouteille de vin est le fruit d’un travail acharné, d’une profonde connexion avec la terre et d’une recherche constante de l’équilibre.

Nous vous invitons à écouter cet épisode fascinant sur le chaine Youtube d’Oeni pour découvrir la vision d’Armand Heitz sur l’avenir de la viticulture et de l’agriculture durable.